La réflexion sur l’Europe dans la période de l’entre-deux-guerres a surtout été étudiée en tant que préhistoire de la construction européenne vue comme un projet politique et économique. Plus rares ont été les travaux sur les racines philosophiques et intellectuelles des idées d’Europe. Or, il paraît pertinent, en particulier dans le contexte actuel où la construction européenne et la démocratie libérale font l’objet de remises en question, de reconstruire certains termes des débats sur l’Eur...

Hans Blumenberg et Siegfried Kracauer se sont rencontrés à l’occasion des colloques Poetik und Hermeneutik dans les années 1960. Leur amitié s’est doublée d’un dialogue intellectuel qui apporte un éclairage sur le livre posthume de Kracauer, History: the last things before the last. En dépit de tout ce qui sépare leurs oeuvres respectives, ils partagent la même méfiance envers un certain type d’histoire des idées qui méconnaît selon eux les éléments de discontinuité et de rupture. Cette position est elle-même liée (...) à une vision différenciée de la modernité qui, tout en refusant toute philosophie de l’histoire, rompt avec la Kulturkritik et les solutions extrêmes des années 1920 et 1930, pour évoluer vers ce que l’on pourrait définir comme une Aufklärung mélancolique. (shrink)

Cet essai a été traduit de l'anglais par Antonella Di Trani et Olivier Agard et publié pour la première fois dans le journal Germanica/66 2020, pp. 85 à 100. Je remercie les éditeurs d'avoir permis sa nouvelle publication ici. Graeme Gilloch – Lancaster University. Cet article est une contribution au regain d'intérêt tant attendu pour les travaux de Siegfried Kracauer, mais aussi pour des textes relatifs à la Théorie critique largement négligés, et qui se sont surtout focalisés sur (...) l'autoritarisme, - Études germaniques. (shrink)

Formalisms such as description logics (DL) are sometimes expected to help terminologies ensure compliance with sound ontological principles. The objective of this paper is to study the degree to which one DL-based biomedical terminology (SNOMED CT) complies with such principles. We defined seven ontological principles (for example: each class must have at least one parent, each class must differ from its parent) and examined the properties of SNOMED CT classes with respect to these principles. Our major results are: 31% of (...) the classes have a single child; 27% have multiple parents; 51% do not exhibit any differentiae between the description of the parent and that of the child. The applications of this study to quality assurance for ontologies are discussed and suggestions are made for dealing with multiple inheritance. (shrink)

Generally attributed to Duns Scotus, as the correlate of formal distinction, and as the minimal component of being, the concept of reality is older than that. It arose during the twelfth century, u...

In this work, the author has two complementary objectives. Firstly, to demonstrate the contemporaneity of the Middle Ages and secondly, the false novelty of the Modern Times. The author shows the medieval horizon of modernity and, therefore, the false disjunction established between its origin, as rupture and break, considering the Middle Ages as Dark Ages. The author analyses several moments considered as indicating that rupture and several topics traditionally considered as modern, in order to demonstrate their medieval filiations. The author (...) does not pretend to defend the historical continuity within the logic of modernity, but the possibility of a genealogy of “oblivions” characterizing our age, in order to defend and reconsider the non- contemporary within a new definition of the contemporary and the study of medieval philosophy for herself, beyond her pre-modernity, in a post-modern order. (shrink)

Cette étude explore les ruptures et les transformations imposées à la doctrine de la liberté d’indifférence au XVIIe siècle. Celle-ci, d’origine scotiste, mais modifiée par les controverses autour de Molina, s’oppose d’abord aux théories thomistes de la prédétermination physique. L’œuvre de Gibieuf, pour qui l’indifférence décroît proportionnellement à l’évidence du bien, en change radicalement la signification. Désormais, certains thomistes pourront accepter l’indifférence, tandis que le jansénisme en fait un repoussoir. La pensée de Descartes apparaît ainsi comme une stratégie pour faire (...) une place à la liberté sans entrer dans les querelles théologiques : elle repose sur deux indéterminations successives, destinées à la rendre compatible tantôt avec la prédétermination, tantôt avec la science moyenne moliniste. Ainsi, Descartes est le seul philosophe classique à faire une place à la liberté d’indifférence, mais il est aussi celui qui la repousse à une place inférieure, amorçant ainsi un refoulement que consommeront ses successeurs.This study aims at exploring the splits and transformations which the theory of freedom of indifference has undergone during the XVIIth century. This theory has a Scotistic origin, but it was modified by the controversies around Molina. It is primarily directed against the « Thomsitic » theories of physical predetermination. The works of Gibieuf, for whom indifference decreases proportionally to the growth of evidence and goodness, has radically changed its meaning. Hereafter, a few Thomists will agree with the indifference theory, while it serves as a foil to Jansenists. Descartes’ thought appears thus as a strategy to give way to freedom without entering into theological controversies. It is grounded on two successive indeterminations, which make it compatible, once with predetermination, once with the molinist scientia media. Thus, Descartes is the sole classical philosopher who admits some indifference, but he is also the sole to force it back to an inferior position, beginning thus a containment which will be accomplished by his successors. (shrink)

Les detracteurs du materialisme le donnent pour poussiereux, triste, deplace, ennuyeux. C'est aussi la reputation de la philosophie. Que dire de leur histoire! L'auteur, qui, en trente annees de philosophie, n'a pas trouve matiere a s'ennuyer, propose au lecteur quelques elements pour en juger: du materialisme de l'Antiquite a celui du dix-septieme siecle, de celui des Lumieres aux materialismes historiques, il l'invite a decouvrir des lieux inapercus ou de nouvelles perspectives dans l'histoire de la philosophie. Ceux qui veulent rester philosophes (...) pourront savoir gre aux materialistes de ce que la philosophie leur doit. En compagnie d'Epicure et de Hobbes, de Marc-Aurele et de Cyrano, de Gassendi et de Marx, et d'autres plus clandestins, il y a encore matiere a s'instruire, a se divertir, a s'etonner. (shrink)

Dans cette question sur le livre II des Sentences, Guiral Ot demande si la créature, avant sa création, a un être propre, distinct de celui du Créateur : d’une part, Dieu crée ex nihilo ; avant la création, il n’y a donc rien, hormis Dieu ; d’autre part, Dieu connaît et veut de toute éternité ce qu’il produira avant de le produire ; les créatures ont bien un être-connu et un être-voulu en Dieu. Pour répondre à cette difficulté, Duns Scot (...) avait admis un être possible et un être relatif des créatures dans la pensée divine. Mais, avec plus de subtilité encore, Guiral Ot aperçoit neuf manières pour les choses d’être dans la pensée divine avant d’être créées. C’est le déploiement de ces modes d’être ainsi que leur articulation que nous révèle l’édition de cette question. (shrink)

Augustin est le seul penseur antique à avoir rédigé un traité sur le concept d’image, la Question 74, où il démontre la possibilité d’une image (invisible) de l’invisible. Cette conception éclaire la réticence des Libri Carolini envers la théologie de l’icône, développée par le concile de Nicée II. La doctrine augustinienne de l’image mentale, associée au texte déchiffré, permet de comprendre la théorie médiévale de la méditation, et l’inflexion qu’elle subit en devenant « représentation » (Aelred de Reivaulx). Elle permet (...) enfin de justifier la doctrine de la vision face à face, contre l’invisibilité de Dieu dans l’au-delà, définie par Denys et Jean Scot, qui sera condamnée en 1241. (shrink)

Dans son œuvre théologique, Duns Scot propose une démonstration métaphysique de la Trinité. Il produit une véritable déduction a priori des émanations trinitaires, sans recourir aux données de l’Écriture, et antérieurement même aux noms des personnes. Puisqu’il n’existe que deux productions possibles, par mode d’intellection et par mode de volition, et parce qu’il faut partir d’une subsistence première, Duns Scot montre que l’essence divine, par le biais de la première personne, se communique nécessairement aux deux autres. Ce schéma fait l’économie (...) du Filioque hérité d’Augustin dans l’occident latin. Mais il y a un prix à payer : il est impossible de penser le passage de l’essence unitaire de Dieu à la triplicité des subsistences ; la réflexion se détache de l’Écriture sainte ; la théologie se sépare de l’économie du salut. (shrink)

Recueil de contributions sur la connaissance du monde par Dieu et sur le statut des vérités objectives de la science montrant la diversité des approches proposées par des philosophes tels que Thomas d'Aquin, Duns Scot, Guillaume d'Ockham, François de Meyronnes, Nicolas Malebranche, Pierre Bayle...

Medieval philosophers admit a physical indeterminacy of natural powers, because they can be determined by something else. However, rational powers have a metaphysical form of indeterminacy, which allows the will to be determined by reason (Thomas Aquinas), or to determine itself (Duns Scotus). Yet, what distinguishes the two main forms of self-determination in Duns Scotus - the unlimited will and the infinite God? In finite beings, the will is unlimited because it always depends on something else, on an object that (...) is a partial cause of its determination, whereas God depends only on Himself for self-determination. Hence, the concepts of indeterminacy, unlimitedness and infinity are strictly distinct in Duns Scotus. (shrink)

La philosophie médiévale a cherché la « racine de la liberté » (donc le libre arbitre radical), tantôt dans la raison (Siger de Brabant), tantôt dans la volonté (Henri de Gand), tantôt dans une combinaison des deux : la volonté comme sujet, la raison comme cause (Thomas d’Aquin). Faut-il donner raison à l’une de ces positions, et sont-elles « libertariennes » ( libertarian ) ou compatibilistes? Au lieu de répondre à cette question, l’auteur essaie plutôt de chercher le sol nourricier, (...) plus profond encore, qui donne sens à ce débat : à ce niveau plus fondamental que la dispute scolaire, la liberté consiste, non dans la faculté d’agir autrement, mais dans la manifestation du bien. (shrink)

The strategies of action employed by a human subject in order to perceive simple 2-D forms on the basis of tactile sensory feedback have been modelled by an explicit computer algorithm. The modelling process has been constrained and informed by the capacity of human subjects both to consciously describe their own strategies, and to apply explicit strategies; thus, the strategies effectively employed by the human subject have been influenced by the modelling process itself. On this basis, good qualitative and semi-quantitative (...) agreement has been achieved between the trajectories produced by a human subject, and the traces produced by a computer algorithm. The advantage of this reciprocal modelling option, besides facilitating agreement between the algorithm and the empirically observed trajectories, is that the theoretical model provides an explanation, and not just a description, of the active perception of the human subject. (shrink)

Analogies between hearing and seeing already existed in ancient Greek theories of perception. The present paper follows the evolution of such analogies until the rise of 17th century optics, with due regard to the diversity of their origins and nature but with particular emphasis on their bearing on the physical concepts of light and sound. Whereas the old Greek analogies were only side effects of the unifying concepts of perception, the analogies of the 17th century played an important role in (...) constructing optical theories by imitation of acoustic theories, or vice versa. This transition depended on several factors including the changing relations between optics, music, mathematics, and physics, the diversity of early modern concepts of sound, and the rise of a new physics based on experimentation and mechanical explanation. (shrink)

Ce texte anonyme de 1770 s'inscrit dans l'esprit d'un grand nombre d'oeuvres antichrétiennes souvent clandestines, athées et matérialistes, inspirées tant par la littérature philosophique de l'âge classique que par l'érudition libertine. Inachevées, ces lettres cinglantes, hardies et humoristiques traitent seulement deux des thèmes annoncés.